Par Maëlle Joulin. Article mis à jour le 15 janvier 2024
SÉRIE : Comment le compost va sauver le monde !
Ép 4 : le compost lutte contre le réchauffement climatique
Vous avez loupé des épisodes ? Retrouvez aussi les autres pouvoirs du compost : il nourrit la planète (épisode 1), il préserve l’eau (épisode 2) et prévient les inondations (épisode 3).
Le défi : le réchauffement climatique
Envie de tout comprendre, mémoriser et devenir incollable en un clin d’œil ? Téléchargez notre super infographie !
On ne va rien vous apprendre : la terre se réchauffe sous l’effet des activités humaines. Nous émettons d’énormes quantités de gaz carbonique (CO2) dans l’atmosphère : 9 tonnes par an et par Français en moyenne, selon l’Ademe. Cela a pour effet de renforcer l’effet de serre et d’augmenter les températures globales.
On n’insiste pas non plus sur les conséquences dramatiques de ce phénomène. Sécheresses prolongées, canicules, montée du niveau des océans, vont rendre une partie de la planète invivable.
Comment agir ?
La solution est à la fois simple à dire et compliquée à mettre en œuvre : il faut réduire considérablement les émissions de CO2. L’enjeu est d’être globalement neutre en carbone, c’est-à-dire d’en émettre autant que la biomasse peut en absorber.
Cela passe par des modifications profondes de notre économie et de notre manière de vivre : abandon des énergies fossiles, décarbonation des mobilités, relocalisation de la production, isolation thermique des logements, halte à la surconsommation, etc.
Concentrons-nous aujourd’hui sur ce que peut faire le compost pour réduire les quantités de CO2 présentes dans l’atmosphère ! Car oui, voilà une solution à portée de main : le compost, c’est de la biomasse, de la matière organique qui absorbe le carbone.
Quel est le super pouvoir du compost ?
Vous avez sûrement déjà entendu parler de “compensation carbone”. Ce principe, qui consiste généralement à planter des arbres, se base sur le cycle du carbone.
Comment ça marche ? Le CO2 présent dans l’atmosphère est récupéré par les plantes via la photosynthèse : elles utilisent l’énergie solaire pour fixer le CO2 sous forme de matière organique. Lorsqu’elles meurent, les organismes vivants du sol (bactéries, levures, insectes, vers, etc.) assimilent le carbone et le séquestrent dans le sol. À son tour, ce carbone est utilisé pour nourrir les plantes et finalement l’ensemble des êtres vivants, qui vont ensuite le rejeter dans l’atmosphère.
Ce que l’on peut en retenir : les sols, tout du moins ceux qui sont riches en matière organique, sont gorgés de carbone ! Ils représentent un immense “puits de carbone”, un réservoir à même de séquestrer le CO2. Ils contiennent 2 à 3 fois plus de carbone que l’atmosphère et stockent également des gaz à effet de serre au pouvoir plus réchauffant encore que le CO2, comme le méthane et le protoxyde d’azote[1].
En 2014, l’université de Berkeley avait démontré que l’épandage de compost sur les pâturages de Californie pourrait séquestrer des gigatonnes de carbone atmosphérique[2]. L’application de moins d’un centimètre de compost sur 5% des pâturages de Californie permettrait de séquestrer dans les sols 28 millions de tonnes de carbone !
Cette étude avait aussi mis en évidence que la plus grande part de carbone séquestré ne provenait pas du compost lui-même, mais bien de l’atmosphère. Ce qu’il se passe en réalité, c’est qu’en déposant du compost, on augmente la part de carbone dans les sols, et par là-même leur fertilité (voir épisode 1) et leur capacité de rétention d’eau (épisode 2). Ces sols riches en carbone favorisent une végétation riche et robuste, à même de capturer davantage de carbone dans l’atmosphère.
C’est sur ce constat que se fonde l’initiative “4 pour 1000 : les sols pour la sécurité alimentaire et le climat”, lancée lors de la Cop21 qui s’est tenue à Paris en décembre 2015. L’idée est simple : si le taux de carbone dans les premiers 30 à 40 cm du sol augmentait de 0,4% par an (soit 4 pour 1000), l’augmentation du dioxyde de carbone dans l’atmosphère serait considérablement réduite. La hausse des températures pourrait se maintenir en dessous de 2°C, seuil au-delà duquel le changement climatique aurait des conséquences particulièrement dramatiques, selon le GIEC.
Cette initiative n’établit pas d’obligation normative en termes de stocks de carbone. Elle vise plutôt à démontrer d’une augmentation infime du carbone séquestré dans les sols agricoles et forestiers est un enjeu majeur dans la lutte contre le réchauffement climatique.
En France, l’INRAE a réalisé des modèles agronomiques et économiques pour identifier les capacités de stockage additionnel de carbone[3]. Sa conclusion : il est possible de réaliser l’objectif de 4% par an en France en réalisant deux types d’action. D’une part, maintenir les zones où les stocks de carbone sont élevés : les forêts, les zones humides, les prairies permanentes.
Et d’autre part, augmenter ces stocks là où ils sont faibles, c’est-à-dire essentiellement en zone de grandes cultures. Cette augmentation passe par plusieurs pratiques identifiées par l’étude : la rotation des cultures, des couverts végétaux intercalaires et intermédiaires, la plantation de haies, etc. De toutes ces mesures, l’apport de compost et de produits organiques résiduaire est celle qui est la plus facile et la moins chère à mettre en œuvre !
Alors, qu’est-ce qu’on attend ? Nous produisons aujourd’hui un peu plus de 2 millions de tonnes de compost par an. Et nous pourrions en produire 5 fois plus avec les déchets organiques que nous produisons actuellement. Vous nous aidez à y arriver ?
Vous êtes un particulier et souhaitez trouver une solution pour trier et jeter vos déchets alimentaires ? Allez ici !
Vous êtes une entreprise ou une collectivité et souhaitez mettre en place le tri et la valorisation de vos biodéchets ? Alors, contactez-nous ici !
Tout comprendre en un clin d’œil ?
Alors téléchargez notre super infographie !
[1] Initiative 4 pour 1000, https://www.4p1000.org/fr
[2] https://www.humboldtseeds.net/fr/blog/compostage-nouveau-remede-rechauffement-climatique/
[3] https://www.inrae.fr/actualites/stocker-4-1000-carbone-sols-potentiel-france
EP 3 : Prévient les inondations
On estime que l’eau s’infiltre sur un sol naturel à hauteur de 50%. Elle s’évapore pour 40% et ruisselle pour seulement 10%. Sur un sol bétonné, complètement imperméabilisé, l’eau s’infiltre seulement à hauteur de 15% et ruisselle pour 55% ! Un facteur de risque d’inondation indéniable.
Voire l'épisode 3Ep 2 : Préserve l'eau des sols
L’agriculture est une grande consommatrice d’eau : elle représente 70% de la consommation d’eau dans le monde, selon les chiffres de la FAO. Les cultures ont donc tant besoin d’eau ? En fait, pas vraiment, vous allez voir.
Voire l'épisode 2Ep 1 : Structure les sols
Dans le monde 40% des terres agricoles et 25% de la surface terrestre sont appauvries, ce qui signifie qu’elles ne fournissent pas en quantité suffisante les nutriments dont les plantes ont besoin...
Voire l'épisode 1FICHE PRATIQUE | Où en est votre territoire dans sa transition écologique ?
Dans cette « To Do List » découvrez 20 innovations faciles à mettre en place à l’échelle d’une collectivité territoriale. Qu’il s’agisse de mobilité urbaine, d’initiatives municipales ou d’actions citoyennes, cochez celles que vous avez mis en place et notez-vous :
Télécharger