Par Maëlle Joulin. Article mis à jour le 1 septembre 2022
SÉRIE : Comment le compost va sauver le monde !
Fan de Marvel ou de DC Comics ? Envie de sauver la planète qui va mal ? Transformez en super héros depuis votre cuisine !
Eh oui, si on redonne à la terre ce qui en vient, à savoir nos déchets alimentaires qui représentent 30% de nos poubelles, et si on le fait le plus près possible de là où on cuisine alors on réduit fortement notre empreinte carbone :
- On limite les transports en camions, très polluants.
- On s’épargne une incinération couteuse en énergie et pas franchement idéale pour des déchets composés essentiellement… d’eau !
- On évite la production de méthane générée par l’enfouissement des déchets, un gaz à effet de serre bien plus important que le CO2[1].
C’est déjà très bien, surtout quand on sait que chaque Français produit en moyenne 70 kg de déchets organiques par an[2].
Mais le compost a en outre un super-pouvoir qui le rend absolument indispensable : il préserve les sols ! Et avoir des sols vivants, c’est fondamental : ils sont plus fertiles et moins vulnérables aux maladies, à la sécheresse, au gel, à l’érosion. Ils renouvellent la biodiversité et capturent le carbone présent dans l’air.
C’est pourquoi nous avons eu envie, chez Upcycle, de vous proposer une petite série sur les super-pouvoirs du compost.
Notre objectif : vous montrer que composter change vraiment les choses ! Et peut-être, vous convaincre de devenir, vous aussi, un super-héros du quotidien ?
Premier épisode : le compost garantit une alimentation saine et abondante pour demain.
Le défi pour le compost : la dégradation des sols
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L’IPBES, le « GIEC de la biodiversité », a rendu publique en 2018 la première étude mondiale sur l’état des sols[3]. C’est la première fois que le constat est présenté de manière aussi alarmante : nous faisons face à un phénomène systémique et généralisé de dégradation des terres, qui touche l’ensemble des terres émergées de la planète. 40% des terres agricoles et 25% de la surface terrestre sont appauvries, ce qui signifie qu’elles ne fournissent pas en quantité suffisante les nutriments dont les plantes ont besoin : de l’azote, dont les tiges et les feuilles ont besoin, du phosphore, utilisé par les fleurs et les graines, du potassium, qui sert surtout aux racines et aux fruits, ainsi que du soufre, du magnésium, du calcium et d’autres oligo-éléments.
Le problème ? L’épuisement des terres diminue les rendements et la qualité des récoltes, et altère ainsi notre santé et notre sécurité alimentaire. Pour les experts de l’IPBES, restaurer les sols est une « priorité d’urgence » : ils estiment que 3,2 milliards de femmes et d’hommes sont déjà affectés directement. L’enjeu est bien de nourrir le monde, c’est-à-dire de produire une nourriture saine et abondante pour les 9,8 milliards de personnes qui peupleront la terre en 2050.
Comment agir ?
En cause dans la dégradation des sols : les pratiques agricoles conventionnelles, et en particulier le labour, qui détériore les micro-organismes présents dans le sol et expose les vers de terre aux prédateurs, notamment aux oiseaux. La vie du sol est également malmenée par les intrants chimiques, pesticides et insecticides déversés sur les terres. Et ce phénomène d’appauvrissement est encore accéléré par le dérèglement climatique.
La solution pour maintenir les sols en vie, c’est bien sûr d’abandonner progressivement ces pratiques et de les remplacer par des méthodes agro-écologiques. La première et la plus efficace de ces méthodes consiste à apporter aux sols dénutris de la matière organique. C’est elle qui nourrit les plantes, retient l’eau et les nutriments. La matière organique est la clé pour stimuler les sols et les cultures.
Quel est le super-pouvoir du compost ?
Le compost est justement de la matière organique ! C’est même de la matière organique de très bonne qualité, puisque les végétaux et biodéchets sont fermentés et transformés en humus sous l’action des micro-organismes. Une tonne de compost apporte environ 300 kg de matière organique[4], soit 215 kg d’humus pour un ISMO moyen de 72% (l’indice de stabilité de la matière organique, qui qualifie la maturité et la qualité d’un compost). C’est énorme !
Le compost est donc un super-fertilisant. Et contrairement aux engrais classiques, qui n’apportent généralement qu’une seule catégorie de nutriments, il procure en un seul apport de l’azote, du phosphore et du potassium (le fameux trio NPK), mais aussi du soufre et des oligo-éléments.
Plus fort encore, le compost dynamise les sols et les productions agricoles sur le long terme. En plus de nourrir les plantes, il améliore les propriétés physiques, biologiques et chimiques du sol dans le temps. Et ça, aucun autre engrais ne le fait !
Comment cela se passe ? Le compost apporte du carbone, qui est en fait le principal composant de la matière organique. Or, le carbone joue un rôle énergétique fondamental pour tous les êtres vivants qui peuplent le sol : bactéries, champignons, insectes, vers de terre… Ce sont eux qui vont l’assimiler, c’est-à-dire s’en nourrir, puis fournir aux plantes de bonnes conditions de croissance.
En somme, le compost est une sorte de « sucre lent ». Il est bien plus pertinent qu’un « engrais sucre rapide » qui ne booste la croissance de la plante qu’au moment où il est utilisé et demande à être toujours renouvelé. Le mot d’ordre : nourrir le sol pour nourrir la plante !
On y va ?
En maraîchage, on épand en moyenne 3 kg de compost par m2 pour fertiliser et amender les sols[5]. Rien que pour entretenir les 10 millions d’hectares de sols cultivés en France[6], 300 tonnes de compost sont nécessaires chaque année.
Et pour (re)créer une terre agricole à partir d’une terre très dénutrie, les besoins sont 10 fois plus importants : on estime qu’il faut alors épandre 30 à 50 kg de compost par m2. C’est dire que les besoins en compost sont forts ! Il faudrait environ 150 à 200 milliards de tonnes de compost pour « guérir » nos sols.
Si on arrivait à composter seulement 6,25% de l’ensemble des déchets alimentaires des ménages et des professionnels (en dehors des déchets verts), on arriverait à garantir notre besoin en production de légumes, et donc à ne pas subir d’incertitudes alimentaires.
Nous produisons déjà en France plus de 2 millions de tonnes de compost chaque année[7]. Vous nous aider à en produire encore davantage ?
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Découvrez vite nos super infographie, pour tout comprendre, mémoriser et devenir incollable sur le sujet !
[1] Futura-Sciences est un portail web de vulgarisation scientifique structuré en cinq rubriques : Sciences, Santé, Tech, Maison et Planète, https://www.futura-sciences.com/planete/questions-reponses/rechauffement-climatique-gaz-effet-serre-co2-methane-pire-565/
[2] C’est l’estimation de l’Ademe, l’Agence française de la transition écologique.
[3] Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques, Assessment Report on Land Degradation and Restoration, mars 2018, https://ipbes.net/assessment-reports/ldr
[4] Chambre d’agriculture d’Occitane : https://occitanie.chambre-agriculture.fr/fileadmin/user_upload/National/FAL_commun/publications/Occitanie/Agroenvironnement/Guide-compostage-crao2019.pdf
[5] Anne-Cécile Daniel, Fonctionnement et durabilité des micro-fermes urbaines, AgroParisTech, 2017
[6] Chiffres Agreste, Ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation, https://agreste.agriculture.gouv.fr/agreste-web/
[7] Enquête Itom 2018, https://librairie.ademe.fr/dechets-economie-circulaire/4336-le-traitement-des-dechets-menagers-et-assimiles-itom.html
Solution | Quel est votre mode de compostage idéal ?
Dites nous comment vous souhaitez utiliser le compost obtenu, nous vous dirons comment le produire !
Qu'allez-vous faire du compost ? Une question toute bête qui va vous permettre de définir votre mode de compostage idéal. Car en fonction de l'utilisation du compost ( vente, fertilisation de dols en agriculture biologiques, distribution à ses voisins..) le compost devra avoir été produit selon des normes différentes.
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