Journal de Bord Covid-19

En attendant DEMAIN

Par Maëlle Joulin. Article mis à jour le 7 décembre 2023

Page #11 – J+ 1 mois +15

Arnaud Ulrich co fondateur
Aujourd’hui c’est Arnaud qui vous écrit

Arnaud est l’un des co-fondateur de UpCycle. En pleine tourmente du COVID-19 il est confiant sur le rebond de l’entreprise post-COVID. Et même si en tant qu’entrepreneur la rentabilité est une donnée capitale pour lui, il aimerait que la politique des coûts bas cesse de dominer nos actions.

Après la tortue, le loup : suivriez-vous un loup dans vos grandes décisions ?

On se souvient tous de la performance de Louis de Funès refusant de confier une seule de ses pièces dans l’Avare de Molière. Ou encore de la fable du Loup et du Chasseur qui périssent l’un comme l’autre à force d’accumuler. « La convoitise perdit l’un ; l’autre périt par l’avarice. »

Notre économie s’est développée autour d’un axe principal : la maximisation du profit, un combo associant avarice et convoitise.

Une entreprise va maximiser son profit en augmentant ses revenus et en diminuant ses coûts. Si au début, elle peut maximiser son profit avant tout en développant son marché, elle devra tôt ou tard diminuer ses coûts : son marché n’étant pas infini.

L’acte de consommation de base pousse aussi à maximiser son profit : la grande distribution ne s’y est pas trompée en développant à outrance le concept de la promotion. Elle n’est pas seule, tous les segments de marché s’en sont emparés : qui achète aujourd’hui une voiture sans bénéficier de multiples remises à tel point que le prix de base ne veut rien dire ?

C’est cette maximisation qui nous a poussés à confier à des marchés plus performants économiquement (mais pas forcément socialement) la fabrication de masques, blouses et autres produits qui nous font défaut aujourd’hui.

Dans mon précédent article, je montrais à quel point la logique de consommation de masse était à l’origine d’un individualisme forcené.

Or cet individualisme est l’inverse de la solution pour sortir de cette crise puisque le respect des mesures implique un comportement altruiste et une démarche collective.

Cette semaine, il semble que la maximisation des profits soit aussi un responsable à montrer du doigt : si l’individualisme est tout sauf la solution, la maximisation des profits est clairement un amplificateur du problème sanitaire. Dans cette crise se révèle le choix que nous avons fait : le prix plutôt que l’autonomie pour garantir notre santé. Chaque jour les rapports sont plus alarmants qui révèlent notre dépendance aux pays d’Asie sur la production de médicaments, masques…

Ainsi donc cet « impératif économique » qui a justifié – entre autres – les délocalisations est le responsable de la crise économique, bien plus que le pangolin ! Dire cela c’est au mieux montrer l’aspect suicidaire de cet « impératif économique » au pire montrer son irrationalité.

Par ailleurs, il y a fort à parier que la motivation des autorités chinoises de cacher la réalité de la crise sanitaire que subissait le pays était aussi dictée par cet « impératif économique »…

Revoyons nos critères dans la prise d’une décision.

Aujourd’hui, chez UpCycle, quand nous rencontrons des entreprises ou des collectivités pour leur parler de retour à la terre des déchets organiques, on peut parfois entendre : « si cela me coûte plus cher que les solutions actuelles d’incinération ou d’enfouissement, pourquoi ma société/ collectivité devrait payer plus cher ? »

Le juge de paix, c’est le prix !

Le prix qui pousse à délocaliser.

Le prix qui pousse à dégrader l’environnement.

Le prix qui pousse à gaspiller puisque ce n’est pas cher…

Mais vous comprenez on n’a pas le choix !

Le dernier exemple en date : celui d’une salariée qui m’explique que si son patron ne voit pas un intérêt économique – en clair payer moins cher pour la gestion de ses déchets – alors il ne voit pas pourquoi il devrait choisir notre solution plutôt que de brûler ses déchets alimentaires, même si cela permet au passage de se mettre en conformité avec la loi. Dans l’esprit de ce patron, le prix justifie non seulement de nuire à l’environnement ( c’est le cas en incinérant ses biodéchets ) mais aussi de mettre de côté les impératifs légaux.

Les choses changent et heureusement. Mais je pense que cette crise doit aussi nous aider à relire et analyser nos critères de décision personnels et professionnels. Cap ou pas cap ? C’est d’ailleurs le sens de ce que disait Maxime quand il s’étonnait que les métiers qui se révèlent les plus indispensables durant cette crise (soignants, éboueurs, hôtesse de caisse…) soient aussi les moins bien payés. Curieux paradoxe !

Chez UpCycle, nous cherchons à être les mieux disant en coût de traitement des biodéchets. C’est possible notamment parce que nous supprimons le transport et les coûts afférents (de 40 à 60% du coût de gestion des biodéchets). 1ère bonne nouvelle.

L’autre bonne nouvelle c’est qu’en compostant sur place les déchets de votre entreprise ou de votre collectivité avec UpCycle vous aurez un impact positif sur l’environnement.

Et enfin, comme on peut espérer qu’il n’y ait pas que les emmerdes qui volent en escadrille, l’impact sera aussi bénéfique pour les utilisateurs :  ils se seront pas de simples responsables « poubelles » mais deviendront responsables compostages. Les habitants eux pourront s’investir dans des projets de jardinage collectif avec leurs voisins.

Alors, en attendant demain, travaillons nos critères de décision à l’aune du monde que nous voulons. Chacun peut jouer un rôle, c’est nous qui avons la main sur le portefeuille et décidons de ce qu’il finance !

Arnaud Ulrich

Arnaud vous recommande

« Prenez le temps, de découvrir l’auteur Britannique G.K. Chesterton qui propose une troisième voie entre capitalisme et communisme. »
G.K Chesterton

« Vous ne connaissez pas cette fable ? »
La fable « Le Loup et le chasseur », par Jean de La Fontaine

Page #10 – J+ 1 mois +9

Aujourd’hui c’est Axelle qui vous écrit

Axelle est l’une des talentueuse stagiaire de fin d’étude en ce moment chez Upcycle. Elle vient parfaire son parcours AgroParisTech et s’est spécialisée en ingénierie des espaces végétalisés urbains, option Agricultures Urbaines. Elle va travailler sur la question de l’impact environnemental des déchets urbains. Accompagné par Maximilien Koegler, notre responsable R&D elle a effectué des recherches sur notre dépendance aux engrais chimiques.

“Et dès maintenant ? Réduire notre dépendance aux imports d’engrais chimiques pour éviter un effondrement de notre système agricole.”

Le 14 avril à 20h, postée devant la télévision, prête à entendre de vive voix comment la situation actuelle allait être gérée dans les prochaines semaines, quelques phrases de l’allocution présidentielle ont résonné différemment. J’ai entendu, comme vous, « sobriété carbone », « résilience », « rebâtir une indépendance agricole […] française», pour « faire face aux crises à venir » (1). Ces termes ont dû vous rappeler les articles écrits par Lucie et Margaux ces dernières semaines. Lucie vous a parlé du devenir de nos déchets et de la possibilité de produire son propre compost (ici). Margaux s’est concentrée sur la question de l’autonomie alimentaire que soulève la crise actuelle, et comment les systèmes de distribution et la territorialisation agricole peuvent y contribuer (lire ici). Grégoire vous l’a dit, entre votre poubelle et votre assiette se trouvent nos terres (lire). Pour les plus chanceux, celle de leur jardin (qui risque tout de même de vous laisser un peu affamé) et pour tout le monde celles de nos champs. L’agriculture est la pierre angulaire de ces deux sujets. Désormais une question lourde d’enjeu se pose : notre agriculture n’est-elle pas trop dépendante des imports mondiaux d’engrais chimiques et de pesticides? Peut-on déjà tirer des leçons utiles ou au moins voir les signaux faibles des crises à venir ?

  1. L’agriculture française s’apparente à une industrie où « rentabilité » est le maître mot

Pour comprendre l’agriculture d’aujourd’hui, faisons un petit bon dans l’histoire : dans les années 50, pour rattraper le retard économique dû à la seconde guerre mondiale, l’agriculture française familiale est devenue industrielle, c’est-à-dire mécanisée, dépendante d’intrants chimiques et dominée par des monocultures occupant des dizaines d’hectares (2). La Beauce en est l’exemple parfait, avec ses paysages de champs de blé ou de colza à perte de vue. Résultat l’agriculture est aujourd’hui dépendante des échanges internationaux et de l’utilisation massive d’engrais chimiques et de pesticides. En 2017, près de 18 millions de tonnes de fertilisants ont été commercialisés en France (3). Une pénurie d’intrants est possible dans les prochains mois, car l’Europe fait habituellement venir les matières premières de pesticides depuis la Chine (6), et 95% des engrais minéraux utilisés en France sont importés (3).

Et ailleurs en Europe, les géants des pesticides fabriquent et exportent à l’international des substances interdites car dangereuses pour l’environnement et la santé. Et ce en toute légalité, grâce à la pression des lobbies des grands groupes sur la Commission Européenne, selon l’association Foodwatch.(4)

  1. Un tel système agricole est-il durable d’un point de vue écologique ?

Non si on le mesure au regard de l’ épuisement actuel des ressources. 63% des fertilisants commercialisés en France sont des engrais minéraux issus de ressources limitées (3).

Et c’est encore non si on retient le critère du changement climatique. 12% des gaz à effet de serre issus de l’agriculture sont dus à la fabrication et à l’utilisation d’engrais (2).

Et face à une crise mondiale ?

Vous connaissez déjà la réponse. C’était déjà le cas il y a une trentaine d’années, à Cuba. En 1991, l’URSS, le principal partenaire du pays, disparait. L’île se retrouve alors privée de pétrole, d’intrants chimiques et de vivres, ce qui provoque l’effondrement de son système agricole et une crise alimentaire sans précédent (5).

Et aujourd’hui, en France ? On peut déjà voir s’alourdir le marché français de l’orge, que l’on exporte principalement vers l’Asie, avec la chute de la consommation de bières en Chine suite à la crise sanitaire actuelle (6).

  1. Que pensent les agriculteurs eux même de ce système, sont ils heureux ?

Il y a un paradoxe dans les plaintes très fortes et très compréhensibles de la FNSEA contre l’agribashing, c’est que le monde agricole lui-même ne semble pas satisfait de la situation qu’une partie du grand public dénonce. L’agriculture française est sous dépendance économique de quelques grands acheteurs nationaux et des marchés internationaux. Si certains agriculteurs s’en sortent bien économiquement, le revenu agricole français reste très bas, le taux de suicide élevé, et la question de la perte de sens du métier est très forte. Pourquoi s’astreindre à une vie de labeur intensif pour gagner peu et à la fin être considéré comme pollueur et/ou maltraitant avec les animaux ? Une grande partie de l’agriculture française semble prise au piège, dépendante d’un modèle qui ne la nourrit plus et ne la satisfait pas. Mais comment changer de modèle quand on est acculé de dette et accusé de tout ? C’est là que la politique doit intervenir pour acter la fin d’un modèle et accompagner le changement.

  1. Comment peut-on (ré)agir ? Vers une circularité locale

On pourrait se laisser démoraliser par ce tableau un peu sombre, en remarquant les similitudes entre ces deux exemples. On pourrait rester passif, pensant qu’il est déjà trop tard. Mais une évolution vers une agriculture française plus durable, résiliente et autonome est possible ! C’est ce que Cuba a fait il y a 30 ans : l’effondrement du système agricole industriel a provoqué une refonte totale de l’agriculture : la traction animale a remplacé les tracteurs, la protection des cultures par insectes ou autres êtres vivants bénéfiques a remplacé les pesticides, et le compost issu de déchets alimentaires ou d’élevage a remplacé les engrais chimiques (7).

Cet exemple de changement radical de pratique peut nous inspirer, à notre échelle, en France. Mais est-il vraiment possible de sortir de la dépendance aux engrais chimiques ? Il semble en tout cas nécessaire de la diminuer. La fabrication et le transport d’engrais de synthèse impacte lourdement le bilan énergétique des aliments qui se retrouvent dans nos assiettes.

Mais doit-on forcément les fabriquer, et les transporter sur des milliers de kilomètres ? Parfois, la solution se trouve juste sous notre nez, ou presque. Les produits organiques (effluents…) issus des élevages peuvent être utilisés comme engrais dans les cultures. Le cycle des minéraux (N, P, K) est alors bouclé au sein d’une ou plusieurs exploitations agricoles (8). Mais la ville peut également avoir un rôle à jouer ! Chaque année, un habitant jette environ 120kg de déchets alimentaires dans sa poubelle d’ordures ménagères (9), et en tirant la chasse d’eau il se débarrasse de 95% de l’azote qu’il a absorbé en mangeant (10).

Or selon il suffirait de valoriser 12,5% des déchets alimentaires et urines en ville pour fertiliser 100% des surfaces en maraichage en France métropolitaine ! Pour fertiliser 100% des cultures légumières et céréalières en agriculture biologique en France nos calculs estiment qu’il suffirait de valoriser  21,7% de ces déchets. 

Les échanges de matières fertilisantes entre les aires urbaines et les exploitations agricoles sont pour l’instant rares (8) mais représentent une solution durable pour diminuer les imports d’engrais de synthèse.
Et à notre échelle d’individu, comment agir ?

Il est possible de renouer le lien entre la ville, nos déchets et l’agriculture. Si comme moi vous rêvez de valoriser vos déchets organiques dans des bacs à compost au fond de votre jardin, pour fertiliser votre potager, mais que vous vivez en fait dans un appartement sans balcon, tout n’est pas perdu ! Des solutions de compostage électromécanique ou en bacs à l’échelle de la copropriété ou du quartier se multiplient.

Ce sera le cas très prochainement rue des Orteaux dans le 20ème arr de Paris. Dans cet ensemble immobilier en pleine rénovation les habitants pourront jeter leurs déchets alimentaires dans un composteur en bas de leur immeuble. Le compost généré sera ensuite réutilisé dans des jardins potagers partagés, et tout cela géré et animé par une association qui organisera des actions avec les habitants.

Dans un contexte de développement de l’agriculture urbaine, les déchets des uns peuvent devenir les ressources des autres dans une logique circulaire locale.
Axelle,

avec la relecture de

Maximilien Koegler

Sources :

  1. https://www.novethic.fr/actualite/social/droits-humains/isr-rse/emmanuel-macron-donne-un-cap-social-au-monde-d-apres-sans-indiquer-la-route-precise-148437.html
  2. https://www.greenpeace.fr/agriculture-ecologique/
  3. https://ree.developpement-durable.gouv.fr/themes/pressions-exercees-par-les-modes-de-production-et-de-consommation/usages-de-matieres-potentiellement-polluantes/fertilisants/article/les-livraisons-d-engrais-en-france
  4. https://www.foodwatch.org/fr/communiques-de-presse/2020/covid-19-les-geants-des-pesticides-plus-actifs-que-jamais-pour-proteger-leur-business-toxique-denonce-foodwatch-en-europe/
  5. https://www.erudit.org/fr/revues/recma/2015-n337-recma02017/1032525ar/
  6. https://www.cder.fr/actualites/consequences-coronavirus-agriculture-francaise/
  7. https://www.courrierinternational.com/article/2007/01/04/cuba-a-fait-sa-revolution-bio
  8. https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-00982802/document
  9. Livre Blanc Upycle
  10. https://www.lesechos.fr/idees-debats/sciences-prospective/avec-leconomie-circulaire-lurine-passe-de-dechet-a-engrais-1146646

Alec vous recommande

« Voyage a travers l’assourdissant silence d’une nature privée de ses insectes et chants d’oiseux sous la plume acérée d’une biologiste américaine. Un roman fondateur de la lutte contre l’usage déraisonné des pesticides et des mouvements écologistes »

« Un point de vue intéressant de l’histoire de notre agriculture et ses enjeux »

Une interview vidéo en profondeur par Thinkerview

Ou en podcast audio

Page #9 – J+ 1 mois +7

Aujourd’hui c’est Alec qui vous écrit

Alec est arrivé en 2019 pour renforcer l’équipe en charge de cultiver les pleurotes sur le marc de café récolté chez nos partenaires : restaurants et restaurants d’entreprises, sièges sociaux de grands comptes. Il est devenu un maillon essentiel de notre ferme urbaine située à Saint-Nom-la-Bretèche. En attendant d’avoir le plaisir de vous la faire visiter il vous explique comment il a dû s’adapter à la situation pour fournir quotidiennement les Monoprix d’Île-de-France en pleurotes frais, 100% locaux, 100%gourmets !

On mange quoi ? Pourquoi pas des pleurotes à la plancha !

Pleurotes à la plancha

Nous sommes bien avancés dans le confinement, puisque nous sommes tous contraint de rester à la maison depuis mi-mars, donc depuis plus d’un mois… déjà !!!

Un mois que beaucoup travaillent de chez eux, et jonglent avec les couches à changer, la cuisine et les devoirs du second. Mais pour faire la cuisine, encore faut-il qu’il y ait quelque chose à cuisiner ! Et quitte à se mettre aux fourneaux, autant bien faire les choses. Donc au supermarché, prenez la direction des produits frais…

Pendant ce temps, dans les coulisses des étals de votre commerce de proximité il y a de l’agitation, ça fourmille dans l’ombre… Et oui, sans transport pour acheminer les kiwis de Nouvelle-Zélande, les avocats du Pérou ou les pomme de terre de je-ne-sais-où, le secteur de l’agroalimentaire a dû s’adapter. Et pour la première fois depuis la révolution verte – révolution du secteur agricole entamée après la 1ere guerre mondiale grâce aux progrès scientifiques et techniques réalisés dans le domaine de la chimie et des engins agricoles, qui nous a menée à l’agriculture conventionnelle d’aujourd’hui – les français sont contraints de manger des produits… français ! à méditer…

Revenons à ce fourmillement et ces personnes qui tous les jours s’activent pour vous fournir en produits frais cultivés en France.

En tant que responsable de la culture de pleurotes sur marc de café chez UpCycle, je fais partie de ces gens qui ont dû non seulement réadapter leur production mais aussi repenser le circuit de vente.

Car depuis que le télétravail est devenu d’ordre publique, notre approvisionnement en marc de café, qui vient principalement des restaurants d’entreprise, est stoppé net. Privé de marc de café, nous ne pouvons plus produire le substrat sur lequel poussent nos champignons, et pourtant nous n’envisageons pas de vous laisser sans pleurotes pendant ce temps passé à la maison !

De plus les restaurants étant fermés nous avons moins besoin de produire.

Nous nous sommes donc adaptés pour continuer à cultiver, en moindre quantité bien sûr, et à livrer tous les jours les Monoprix d’Ile de France.  Avec une équipe réduite à deux personnes, nous nous efforçons de faire pousser, récolter et livrer quotidiennement 300 kg de champignons, soit deux tiers de la production habituelle afin que vous puissiez trouver nos pleurotes dans tous les Monoprix d’Ile de de France ! A deux c’est quand même pas mal ! Bon j’avoue on triche un peu… nous avons la chance d’accueillir quelques volontaires (que je remercie chaleureusement) une fois par semaine pour nous aider dans la récolte. Une aide qui nous est précieuse et grâce à laquelle la population d’Ile de France peut finalement faire une plancha de pleurotes (à la poêle ça marche aussi je vous rassure) !

Et voici mon petit conseil culinaire pour cuisiner au mieux ces délicieux pleurotes : simplement revenus à feux vif (à la plancha ou à la poêle) avec un filet d’huile d’olive, attendre alors qu’ils se parent d’une belle toison dorée presque bronze avant d’ajouter généreusement sel et poivre. Servir en accompagnement d’une pièce de viande, d’une poêlé de légumes ou simplement à déguster tel quel !

A présent fermez les yeux, sentez fondre ces délicieux champignons dans votre bouche, ressentez ce goût de noisette… 

Pendant 30 secondes les cris des enfants, le confinement, les inquiétudes sur le monde d’après ont disparu comme par magie !

Alec de Bouillane

Alec vous recommande

« Nos pleurotes gagnent des étoiles 🌟🌟 dans « Top Chef » !  »

« Pour changer de la plancha »

Risotto aux pleurotes

Pleurotes gastronomiques cultivés sur marc de café chez UpCycle

Page #8- J+1 MOIS +2

Aujourd’hui c’est Maxime qui vous écrit

Chez UpCycle il est chargé de mission compostage plus particulièrement dans le Sud de la France puisqu’il rayonne depuis Marseille. Au contact direct de ceux qui mènent des projets de changement et d’économie circulaire, il a notamment été très consulté lors de la campagne électorale des municipales. Mais en raison du Covid-19, il se retrouve avec ses partenaires élus dans un entre-deux bloquant.

L’incertitude plombe la transition des intercommunalités

Avant la crise Covid que nous traversons bon gré mal gré, j’ai suivi avec beaucoup d’attention la campagne des municipales à Marseille, mais aussi sur le plan national.
Grâce à mon métier, j’ai aussi eu la chance de rencontrer des élus et des directeurs de campagnes de tout bord politique en pleine réflexion sur la ligne « écologique » de leurs programmes. Ils nous consultaient pour avoir notre point de vue sur la façon dont nous pourrions améliorer collectivement la gestion des biodéchets. Pour rappel, la généralisation de l’obligation de tri à la source et de valorisation est prévue d’ici 2023 pour tous les producteurs de biodéchets en France.

Le 16 mars 2020, le président de la République reporte le deuxième tour en précisant que les communes dans lesquelles une liste l’a emporté au premier tour ne sont pas concernées. Il y a donc 4 816 communes dans l’incertitude avec des maires sortants prolongés dans leurs fonctions, mais aussi des conseils municipaux d’installation qui ont été différés.En définitive, les candidats élus au premier tour n’ont donc ni les droits ni les obligations normalement attachées à leur mandat. Cette situation est bloquante à bien des égards et notamment pour travailler sur les dossiers de fond comme les politiques environnementales des intercommunalités, qui ont la compétence collecte et traitement des déchets ménagers.

Au sein de ces collectivités territoriales, les communes sont représentées par des délégués issus des nouveaux conseils municipaux, or pour l’instant logiquement la priorité est donnée aux affaires courantes et les élus en place ne peuvent engager aucun projet.

Les solutions au marasme économique sont les mêmes que pour l’écologique
Dans ce cadre, les grandes décisions d’orientation pour adresser les questions liées à aux déchets et plus largement à la politique environnementale sont bloquées. Les agents territoriaux qui travaillent sur ces dossiers sont dans l’impasse et j’ai peur qu’avec cette crise économique sans précédent qui nous tombe dessus, ces questions soient reléguées au second plan face à l’urgence sociale. Ce serait une erreur fatale, car d’une part les déchets n’arrêtent pas de s’accumuler en temps de crise et leur gestion est plus que jamais nécessaire ; et d’autre part, les solutions pour s’adapter au mieux au changement climatique qui était une réalité avant la crise sanitaire sont les mêmes que pour sortir de ce chaos économique.

Pour moi le confinement est un électrochoc car il montre la grande fragilité de notre société dite moderne et qu’on qualifie souvent de grande puissance économique de ce monde. Il y a un renversement des hiérarchies puisque ce sont les professions habituellement les moins bien rémunérées ou considérées qui sont vraiment « utiles à la nation ». Que ferions-nous sans nos paysans et leurs terres, nos soignants, nos caissières et nos livreurs ? Dans quel état seraient nos villes sans les tournées des éboueurs ?

Certes il faut reprendre le travail, certes il faut permettre à nos élus de siéger et de prendre les commandes mais il va falloir être vigilant pour que les réflexions, les remises en question et l’envie écologique ressenties pendant la campagne électorale des municipales ne soient pas soufflées par la récession qui s’amorce.

Imaginons le nombre d’emplois concrets et utiles que nous pourrions créer en soutenant la transition comme par exemple en aidant nos paysans à aller vers un modèle qui enrichit au lieu d’appauvrir la santé et la biodiversité.


Maxime Quemin
Personnellement cette perspective me galvanise et me donne envie de travailler main dans la main avec les élus pour favoriser le retour à la terre de nos précieuses ressources.

Maxime vous recommande

« Un podcast passionnant sur la chasse aux sorcières qui fait écho à de nombreuses dérives encore aujourd’hui «

France Culture, série documentaire

« Ça peut pas faire de mal »

Page #7- J+1 MOIS !

Aujourd’hui c’est Grégoire qui vous écrit

Co-fondateur d’UpCycle, c’est un entrepreneur résolument décidé à construire à son échelle un nouveau modèle économique de rentabilité, fondé sur l’écologie, le local, le social. C’est aussi un expert d’agriculture urbaine. Aujourd’hui il explique qu’une bonne valorisation de nos poubelles pourraient nous permettre d’être autosuffisants en légumes et fruits. Même en vile. Mais à certaines conditions. A réfléchir aujourd’hui et à cinstruire demain ?

Puis-je atteindre l’autonomie alimentaire grâce à mes déchets ménagers ?

La principauté de Monaco nous a confié il y a quelques mois une étude sur une ferme urbaine, avec comme brief 0 chimie, 100% de la fertilisation issue de déchets organiques et 100% indoor. Faute d’espace de culture conventionnels, on a étudié… la digue du port ! Nous avions donc pu à cette occasion mettre à plat quelques chiffres de base que je me propose de vous partager, en les complétant de recherches connexes pour voir jusqu’où on peut aller en matière d’autonomie alimentaire, et comment y arriver.

Que peut-on produire avec sa poubelle ?

La poubelle non triée d’un foyer français c’est 30 à 40% de déchets organiques. Si vous cuisinez régulièrement des légumes frais on considère que vous produisez 1kg/personne/semaine, soit 2,5kg pour un foyer moyen.

2,5kg de déchets organiques (épluches, restes d’assiettes, coquille d’œufs,…), vont vous permettre d’obtenir de l’ordre de 1,1kg de compost mûr, soit 55 kg de compost par an.[1]

Pour cultiver des légumes en maraichage bio-intensif, c’est-à-dire avec une recherche de forte productivité mais sans engrais de synthèse, vous aurez besoin d’étaler 0,5 à 2cm de compost au sol, prenons 1cm en moyenne[2], soit 4,5kg/m2/an approximativement.

Vous pourrez donc cultiver de manière efficace et autonome 12m2.

12m2 de culture (qui occupent généralement 30m2 du coup avec les allées, l’abri à outils et tous les éléments connexes), vous permettent, si vous être bon jardinier et que vous avez le temps de produire, de l’ordre de 50kg de légumes. Sachant qu’on en consomme 350 grammes par jour et par personne[3], votre foyer serait autonome à hauteur de 15% approximativement (un peu plus si le petit dernier vous laisse sa part d’épinards)!

15% c’est pas rien, c’est la capacité maximum théorique d’autonomie alimentaire des villes française, qui se situe actuellement entre 2 à 6%. Se mettre à cultiver sur son propre compost permettrait donc de multiplier par 5 notre résilience alimentaire, c’est énorme, c’est la différence entre risquer d’avoir faim ou disposer d’un filet de sécurité. C’est surtout disposer au quotidien de fruits et légumes très frais, c’est vivre un peu plus au rythme des saisons et avoir le plaisir de gronder ses enfants car ils mangent plus de framboises qu’ils n’en cueillent.

Alors pourquoi on ne le fait pas plus ?

D’abord il faut signaler qu’un bon nombre de français s’y sont déjà mis, ou plutôt font ça depuis toujours ! Ce que je dis là est sut et vécu par tout un tas d’ancien qui ne comprenne pas bien ce qu’il y a de nouveaux dans le fait de mettre des épluchures aux poules ou compost, et ils ont bien raison ! Sauf que tout le monde ne vit pas à la campagne, et beaucoup ont perdu le lien, alors comment le retrouver ?

  1. Des outils de compostage adaptés, à l’échelle du quartier

Votre composteur de jardin est parfait pour composter vos épluchures et vos déchets de jardinage (et encore allez y mollo sur la pelouse, mélangez la bien avec du broyat de bois), mais vos restes d’assiettes, en particulier la viande ou le poisson, c’est plus compliqué, et surtout plus risqué d’un point de vue de l’hygiène, car la température ne monte pas assez haut. C’est pourquoi chez UpCycle on s’est beaucoup intéressé au compostage collectif. On met en avant nos composteurs électromécaniques car ils paraissent être le bon compromis entre temps passé, efficacité et hygiène, mais on peut obtenir de bons résultats avec des gros composteurs en bois gérés par un maitre composteur. Ces composteurs industriels permettent en outre de composter les futurs emballages « Ok Compost » pour lesquels il n’existe aucune filière de valorisation actuellement, mais je m’égare …

  1. Des maraichers formés à l’agro écologie

Tout le monde n’a pas la fibre du potager. Obtenir 50kg de légumes sur son potager n’est pas à la portée du premier venu. Il faut des compétences agricoles ET le modèle qui permette de rémunérer le maraicher pour son travail. Rappelons-nous que ces maraichers, comme une grande partie des paysans en France, ont rarement été bien rémunérés pour leur travail, ce qui permettait d’obtenir des légumes abordables. Pas très satisfaisant comme perspective.

J’ai découvert en Belgique des organisations très intelligentes où le travail est réparti entre pros et amateurs. C’est le cas dans le Chant des Cailles[4]. Des maraichers professionnels font le travail technique (la planification des cultures, les semis, les aménagements), et les particuliers font la récolte, et donnent un coup de main de temps en temps pour les travaux de force. Sous réserve que vous ayez 2 à 3 heures par semaine pour faire vos récoltes à la place de vos courses, cela me semble l’optimum d’un point de vue fraîcheur de la production, antigaspillage (n’est récolté que ce qui est consommé, les surproductions sont transformées par les maraichers qui les revendent pour leur propre compte), et optimisation du travail rémunéré (chaque particulier payant un abonnement de 1€/personne/an pour avoir accès en illimité au potager collectif.)

3. Des espaces de culture.

Aujourd’hui de nombreuses personnes produisent encore leurs fruits et légumes, mais le faire à grande échelle va demander de s’organiser à l’échelle du quartier, donc de libérer des espaces pour les reconvertir en surfaces agricoles. Si on veut valoriser 100% des biodéchets d’un quartier de 1000 habitants, il faut 5000m2 de surfaces cultivées, soit 1ha de surface dédiée à l’agriculture (car on cultive au mieux 50% de la surface). Dans une ville comme Rennes cela signifie d’augmenter de 1% de la densité urbaine[1], je ne sais pas dire si cela est beaucoup, il me semble que si on mobilisait tous les grandes surfaces de pelouses on pourrait y arriver. Evidemment à Hong Kong ou Singapour, il faudra aller sur les toits ou dans les parkings, c’est justement ce que nous avons prévu de faire à Monaco !

100% d’autonomie alimentaire : le facteur limitant ne sera pas la fertilisation issue de nos déchets, mais nos propres blocages culturels.

En France, il est difficile de mobiliser le grand public autour des déchets organiques. C’est parfois perçu comme sale, nauséabond,…. Franchement avoir 10 000 d’évolution culturelle pour se retrouver le nez dans la poubelle, à quoi ça sert ???

Chez UpCycle, nous mettons au point dans notre point d’apport volontaire de Denfert Rochereau dans le 14eme arrondissement de Paris un ensemble de dispositifs et de messages qui rendent l’expérience plutôt concluante, cela me laisse à penser qu’avec un peu d’énergie on peut convertir 60% de la population française au tri et à la valorisation des déchets organiques d’ici 5 ans, ça tombe bien ça va devenir une obligation légale, mais oserais je mettre sur la table ce que nombre de fan de métabolisme urbain ont en tête pour aller plus loin ?

La valorisation de l’urine et de nos eaux grises, LA solution pour fertiliser nos cultures et devenir totalement autonome.

Rien ne se perd, rien ne se créé, tout se transforme n’est-ce pas ? Quand nous consommons des aliments, une grande partie des sels minéraux, de l’azote et du phosphore que nous consommons est transformée et évacuée sous forme… d’urine bien sûr.

Le phosphore, pour vous c’est peut être rien du tout mais pour les agriculteurs ça veut dire beaucoup. Le phosphore c’est la ressource qui risque de nous manquer très rapidement. Longtemps, on est allé le récolter en récupérant les crottes d’oiseaux accumulées, aujourd’hui on exploite les gisements fossiles principalement au Maghreb, et demain… on va devoir accepter que le plus écolo, le plus efficace et le plus rentable des gisements de phosphore, c’est notre urine !

Notre urine est magique, c’est d’ailleurs déjà le premier fertilisant agricole du monde ! Sauf qu’actuellement c’est de l’urée issue d’animaux. Dans une vision d’autonomie urbaine, le plus simple est quand même de réutiliser notre propre urine.

Combien de m2 peut on fertiliser avec de l’urine ?

Renaud de Looze s’est consacré au sujet.

Il avance qu’on peut fertiliser 400m2 de culture/an, et qu’il faut 500m2 de culture très intensive pour atteindre l’autonomie alimentaire avec un régime fléxitarien. Le problème, c’est l’odeur. L’urine ça ne sent pas bon… mais là aussi il a identifié tout un tas de solution dont…. Le compost ! Le compost agit comme un filtre à charbon qui va éliminer les odeurs et les éventuels résidus médicamenteux.

L’urine doit aussi être délayée a 1 :20, ça tombe bien il existe maintenant de nombreuses solutions pour filtrer nos eaux grises et pouvoir les réutiliser au jardin. Avec 86 litres par personnes et par jour[2], on a largement de quoi arroser nos 400m2 et nos eaux grises sont spontanément assez diluées… si on arrive à mettre de coté les matières fécales qui posent de gros soucis d’hygiènes (vivent les toilettes sèches !)

Contrairement à ce qu’on pourrait penser, on peut donc théoriquement être 100% autonomie en aliments en recyclant tous nos déchets organiques. Ce type d’approche porte en elle d’énormes économies, j’en liste quelques unes :

  • Sur le traitement de l’eau, qui coute une fortune[3], cause de nombreux impacts environnementaux et qui devrait être consacré aux eaux les plus complexes à dépolluer (hôpitaux, industries)
  • Sur la santé : disposer de fruits et légumes de qualité est la base d’une alimentation saine. S’invertir dans la production maraichère, fut ce uniquement en donnant ses déchets, est à la base d’une appropriation affective : on trouve toujours meilleurs les légumes qu’on a contribué à cultiver. Disposer d’espaces verts et d’humains qui prennent soin de ces espaces à de profonds bienfaits sur le sentiment de sécurité et la réduction du stress[4].
  • Sur le social : refaire du maraichage sur petites parcelles nécessite beaucoup de main d’œuvre, en parallèle nos campagnes se désertifient avec plus de 50% des agriculteurs qui vont partir à la retraites dans les années à venir, il est essentiel d’un point social de recréer un flux de travailleur de la terre qui auront appris à travailler différents et qui pourront, s’il le désirent, reprendre ensuite les terres agricoles conventionnelle libérées par les anciens.

Le plus important selon moi est ailleurs, il est dans le projet de société. Pas besoin du Covid 19 ou de Pablo Servigne pour se rendre compte que nos sociétés peuvent être soumise à de gros bouleversements sociaux, économiques ou environnementaux.

La meilleure manière de se préparer à cela est d’apprendre à vivre ensemble, à se nourrir ensemble. Devoir affronter des problèmes sans avoir la crainte du ventre vide, c’est quand même beaucoup moins angoissant que de se savoir dépendant du soja argentin !

Alors comment y arriver ?

Nous sommes nombreux à travailler sur cette question, et je suis très preneur de retour d’expériences réussies et duplicables. Voici les premiers défis qui me viennent à l’esprit.

  1. Rendre la valorisation des déchets organiques culturellement acceptable, c’est-à-dire désirable Je parie que celui qui arrive à rendre le geste de valoriser son urine désirable sera un « Jeff Bezos », si ce n’est en richesse $ en tous cas en potentiel d’impact.
  2. Réhabiliter l’agriculture urbaine et périurbaine circulaire de manière, avec des modèles nouveaux qui permettent de rémunérer le producteur et d’obtenir des produits accessibles et sains et de créer du lien avec les habitants du quartier. Le premier rôle des collectivités serait de libérer des espaces importants pour les cultures.
  3.  Former la population à ces enjeux. En mettant à dispositions des outils pour composter, cultiver, cuisiner, faire des conserves, vendre les productions locales. Cela demande des sortes de « MJC agricoles », des lieux ouverts ou on peut venir se former et mettre en œuvre ses idées. De tels projet sont déjà à l’œuvre à l’Ile Saint Denis et à Romainville, ils pourraient se déployer dans des centres de loisir, les maisons de quartiers, les centres-sociaux.

Rien ne se perd, rien ne se créé, l’homme est capable de gérer des systèmes d’une formidable complexité, saurons-nous mettre en œuvre les bases de notre résilience ?

Grégoire

[1] Rennes comptait en 2016 4291hab/km2

[2] https://epnac.irstea.fr/wp-content/uploads/2018/05/Composition-EU-par-source.pdf

[3] https://www.novethic.fr/actualite/environnement/eau/isr-rse/le-cout-tres-eleve-de-la-depollution-de-l-eau-137096.html

[4] https://www.valhor.fr/fileadmin/A-Valhor/Valhor_PDF/Plante_Cite_bienfaitsduvegetal_Juillet2013.pdf

[1] Source : données des composteurs Upcycle, kg de compost/kg de déchet bruts après 8 semaines de compostage

[2] http://www.compostage.info/index.php?option=com_content&view=article&id=18&Itemid=19

[3] http://www.arboriculture-fruitiere.com/articles/commercialisation/7-chiffres-connaitre-sur-la-consommation-de-fl-en-france

[4] http://www.chantdescailles.be/

Grégoire vous recommande

« Pour tout comprendre de la fertilisation par l’urine selon Renaud de Looze »
cette vidéo

« Comprendre comment fonctionnent nos composteurs électromécaniques »
ça vous prendra 2 min

Page #6- J+24

Aujourd’hui c’est Lucie qui vous écrit

Lucie travaille chez Suez mais elle fait une immersion de 3 mois chez UpCycle pour découvrir le mode de fonctionnement des structures plus petites et plus agiles. Forte de son expertise elle s’interroge aujourd’hui sur la place que prennent nos poubelles.

Que deviennent nos poubelles ?

Alors que descendre les poubelles en bas de son immeuble ou les amener au bout de sa rue est devenu beaucoup plus attractif depuis le début du confinement, la crainte initiale de voir ses poubelles s’accumuler chez soi ne semble finalement pas se confirmer après 15 jours.
Le stress lié au ramassage des ordures ménagères n’est pas fondé.
Bien que dans certaines villes, les agents de collectes se plaignent du manque de protection et revendiquent leur droit de retrait, les syndicats des collectivités et entreprises privées qui gèrent la collecte et le traitement des déchets peuvent répondre à la demande malgré des baisses d’effectifs car la quantité de déchets produits sur le territoire a drastiquement chuté avec la fermeture des restaurants et de nombreuses entreprises..

Mais au-delà d’une simple question individuelle et pratico pratique, « mes poubelles vont-elles être vidées ? », cette situation m’amène à m’interroger sur notre production individuelle de déchets et notre système de gestion des déchets.

Prendre conscience de ce que l’on jette

Pour un grand nombre d’entre nous, ce n’est que lorsque le système de gestion des déchets ne fonctionne plus très bien –  ou un soupçon de dysfonctionnement – que nous nous interrogeons enfin sur le devenir de nos ordures. En temps normal, dès que notre déchet est jeté dans une poubelle, dès que nous ne le voyons plus, nous l’oublions, comme s’il n’avait jamais existé. Notre seule peur est, « va-t-il être collecté ? » alors que notre vrai souci devrait être « que va-t-il devenir et quel impact va-t-il avoir sur la planète ? ». La situation actuelle nous donne l’occasion de nous rendre compte de la quantité de déchet que nous produisons individuellement.

Actuellement de nombreuses collectivités sont contraintes d’arrêter la collecte sélective pour les emballages et le verre. Il est demandé aux usagers de ne présenter que leurs bacs marrons. Les déchets normalement recyclables ne sont donc plus triés (ou bien s’accumulent dans nos appartements/garages pour les plus courageux qui pourront ainsi voir leur quantité produite en 4 semaines ou plus).

Un système de collecte et de traitement complexe

Ce tri des déchets recyclables, qui repose sur une organisation complexe et qui a nécessité de nombreux efforts tant en termes d’infrastructures et d’équipement mobiles qu’en terme de changement des mentalités, s’arrête du jour au lendemain. La situation est certes exceptionnelle mais elle souligne d’une part la complexité du système de gestion des déchets peu adaptable.  Et l’absence de volonté politique de maintenir coûte que coûte les actions en faveur de la protection de l’environnement. Tous ces déchets qui ne sont plus triés et recyclés finissent alors en incinération ou enfouissement.

Le covid-19 : une opportunité de marché pour les matière recyclables

De plus, l’arrêt en grande partie de l’économie mondiale et des échanges internationaux met également en avant la nécessité de produire localement, et ainsi de ne plus dépendre des autres comme c’est notamment le cas très polémique des masques en France. Vous allez me dire quel est le lien avec les déchets ? J’en reviens encore au tri. Les déchets recyclables sont tirés une fois collectés chez nous. L’objectif est de séparer les différents déchets recyclables selon leur matière et d’en faire des balles. Chaque balle de cartons, PET clair, PET foncé, etc. constitue alors une nouvelle matière première pour de nouveaux produits. Ces balles de matières premières se vendent correctement mais souvent les papetiers ou producteurs d’emballages plastiques préfèrent des matières plus saines venant directement du bois ou du pétrole et donc participent à la consommation accrue des ressources. Et bien en ce temps de crise, la bonne nouvelle c’est que ces balles de se vendent désormais comme des petits pains auprès des entreprises d’emballages de l’agroalimentaires qui continuent de tourner à plein régime pour nous nourrir.

Puisque tous les transports internationaux sont rendus compliqués, et donc l’approvisionnement en matière première, nos ressources locales nous sauvent. On peut donc être heureux d’avoir correctement trié nos déchets qui servent aujourd’hui pour emballer notre nourriture. Cela nous montre que nous pouvons produire différemment si nous le voulons, en étant plus attentif à l’origine de nos produits, et c’est un pas essentiel du changement qu’il faut initier.

Composter soi-même ce qui peut l’être

Pour finir sur une autre note positive, le dernier point lié à la collecte des déchets est en fait un point sur l’absence de collecte de déchets. Le stress du ramassage des ordures vient principalement de l’incapacité de collecte et non de l’incapacité de traitement du déchet. Pourrait-on dans le futur s’abstenir de la collecte ? Il est bien évidemment difficile de l’envisager pour la totalité des déchets mais concernant le déchet alimentaire, il peut  être traité et composté sur place et ainsi ne plus être dépendant d’une organisation complexe.

Si vous avez un jardin et que vous n’avez pas de composteur, il n’est pas trop tard pour s’y mettre surtout en ce moment, vous verrez vous ne le regretterez pas. Et même sans composteur, vous pouvez mettre vos déchets compostables au fond du jardin en attendant de pouvoir en acheter un.

Et pour ceux qui sont en appartement, profitez de ce moment pour vous renseigner sur la présence de composteur public prêt de chez vous, ou pour faire un courrier à votre mairie pour en demander un !

Lucie vous recommande

« Magnifique documentaire qui appelle à réfléchir et voir les conséquences du changement climatique »
Our planet

« Livre qui nous amène en France en 2041 où la sécheresse fait rage, permet de relativiser ce confinement à court terme mais nous avertit que ce n’est rien par rapport à ce qui nous attend dans les prochaines décennies. »
Bleue de Maja LUNDE

« A méditer »
Dialogue d’un tout petit virus avec l’univers

Page #5- J+22

Aujourd’hui c’est Maxime qui vous écrit

Maxime est un écolo de la première heure. Débrouillard, tenace, il est de ceux qui savent s’adapter vite.
Ce confinement lui fait apprécier encore plus ses délicats colocataires… des lombrics !

Lombric or not lombric ?

J’habite dans le 6e à Marseille et depuis maintenant deux semaines, mon épicier est ouvert 7 jours sur 7.

Il est passé de 2 palettes de réapprovisionnement par jour à 8.
Les gens cuisinent et mangent en famille, le volume de biodéchets augmente donc logiquement. Notre ville est encore loin de pouvoir fournir un exutoire à chaque marseillais, alors je me pose des questions, car chez moi on « lombricomposte » depuis 7 ans dans 45 m². Ma réflexion est la suivante, suis-je bien représentatif d’une tendance globale avec mon lombricomposteur ? Parce que c’est un peu un luxe de pouvoir composter à la maison, non ? et quelque part aussi un peu individualiste ?

Ce n’est pourtant pas si simple de se lancer dans le lombricompostage et des fois j’ai l’impression que les gens ont plus peur des vers de terre que des abeilles, qui font pourtant bien plus mal mais qui sont aussi un symbole martyr de la destruction des écosystèmes.
Voici mes 5 conseils pour installer un lombricomposteur chez soi :
1-Faire un travail d’introspection pour accepter de mettre la main dans ses biodéchets. Un compost, ce n’est pas dangereux pathologiquement parlant et quand c’est bien géré, il n’y a pas d’odeur. Mais il faut se lancer et réussir pour le croire. Il y a beaucoup de préjugés à l’égard du compost que l’on soupçonne d’empuantir un quartier, d’attirer tout un tas de sympathiques bestioles… Tout le monde trouve ça sympa en théorie mais personne n’en veut chez soi. Pourtant des solutions existent.
2-Vénérer les vers de terre car dans un monde où on extermine la moindre fourmi ou araignée à grand renfort de pantoufles et d’insecticide, je comprends une certaine réticence à réaliser un élevage in situ. Mais les bestioles, c’est notre assurance vie, et l’appauvrissement massif de la biodiversité que l’on observe partout est une catastrophe sans commune mesure. Selon Le Rapport Planète Vivante, publié tous les deux ans par le WWF, la Terre aurait vu disparaître près de 60% de ses espèces entre 1970 et 2014, un rythme estimé cent à mille fois supérieur au taux d’extinction naturelle.

3-Trouver une bonne source de structurant carboné : en ville, mon conseil, c’est de se mettre en lien avec des restaurants qui achètent des plaques de 36 œufs, c’est le structurant urbain parfait. Pour réussir, la règle est simple : toujours ajouter le même volume de structurant que de biodéchet.
4-Apprendre de ses erreurs : j’ai loupé mes deux premières tentatives. J’ai fait des erreurs notamment en ne respectant pas la croissance de ma population de vers, résultat j’ai tué ma colonie…  Maintenant, je me débrouille bien, mais j’ai aussi le titre tant convoité de maître composteur tel un paladin des temps modernes avec une carotte pourrie à la ceinture et un bouclier en boite d’œuf, je ne suis donc pas très représentatif.
5-La récolte du compost et que faire du compost ? Parce qu’on est d’accord, le pot d’un ficus au bout d’un an, il a du compost sur son livret A pour les 10 prochaines années. Il faut donc créer du lien social pour partager son compost. Imaginez si tout le monde avait un lombricomposteur ? On serait obligé d’avoir des potagers collectifs de quartier autogérés pour l’utiliser. Pour ça il faut faire connaissance avec ses voisins mais il faut aussi de la place et en ville, c’est très compliqué sans un soutien politique sans faille.
Si vous bloquez sur un de ces 5 éléments, mais que vous ne supportez plus de voir vos épluchures partir à la poubelle, pas de panique ! Il vous reste une option : l’exprimer haut et fort et demander des solutions simples et efficaces à nos élus, car tout le monde ne deviendra pas maître composteur.

Les points d’apports volontaires pour centraliser et produire un compost de qualité localement me semblent être une bonne et belle solution, il faut donc rapidement déployer des projets pilotes ambitieux pour trouver la bonne approche et repenser l’espace public afin de favoriser les espaces collectifs et valoriser les flux de matières entrantes et sortantes de nos chères cités.

Maxime vous recommande

« Génial ! «

Liu Cixin – « Le Problème à trois corps »

« A tendance à faire baisser mon niveau d’anxiété Covidienne »
L’album de Bertrand Belin : Persona 

« Made in Marseille! »
Sur le Pr Raoult 

Page #4 – J+16

Aujourd’hui c’est Arnaud qui vous écrit

Arnaud, co-fondateur d’UpCycle, est persuadé qu’UpCycle détient une pépite pour notre société de demain, un projet qui dépasse largement le seul compostage des déchets organiques. Sa préoccupation principale : permettre à UpCycle de faire émerger ce modèle !

Confiriez-vous la stratégie de votre entreprises à une tortue ?

Cela n’aura échappé à personne, la question à 1000€ que se pose tout dirigeant et tout salarié en se levant le matin est la suivante : quel sera l’impact du Covid-19 sur son activité à court, moyen mais aussi à long terme ?

Devant tant d’incertitude, le réflexe est classique : faire la tortue !
Couper les coûts.
Geler les embauches.
Annuler les commandes fournisseurs.
Bref attendre que l’orage passe en espérant faire partie des survivants.

Une attitude rassurante à première vue (et que je me garderai bien de juger).

À titre personnel, j’aime bien les tortues, mais je n’ai pas forcément envie de leur confier l’avenir d’UpCycle. La question que je me pose, c’est plutôt : « Qu’est-ce que cette crise a à nous dire du monde dans lequel nous vivons et qu’est-ce qu’elle révèle du modèle sur lequel nous avons choisi de construire UpCycle ? »

En créant UpCycle en 2011, nous avons misé comme d’autres avant nous, sur les capacités de résilience de nos contemporains. Nous avons fait le pari du local, de la reconnexion au vivant, de la réappropriation de son alimentation et du lien social comme levier des solutions les plus simples et les plus efficaces. Étions-nous des rêveurs ?  La bonne nouvelle, c’est que nous n’étions pas les seuls et que depuis plusieurs semaines on entend que l’après Covid ne pourra être comme avant.

Allons-nous faire la tortue aujourd’hui alors qu’en 2019 UpCycle a connu une croissance proche de 100% ?

Allons-nous faire la tortue alors que notre budget 2020 trace une trajectoire enthousiasmante largement confirmée par le premier trimestre ?

Que nos clients, fiers, participent avec entrain à l’accélération de notre activité en accueillant des visites de nos propres composteurs sur leurs sites. (et certains comme le l’Institut Saint Pierre de Brunoy (91) ou Ralph Lauren signent même malgré la crise : eux aussi ont choisi de ne pas faire la tortue. A qui le tour ?)

Que nos équipes s’étoffent de profils talentueux et engagés.

Que nous avons la chance de compter sur des actionnaires motivés et bienveillants, mais aussi des partenaires bancaires engagés à nos côtés.

L’heure pour UpCycle n’est sans doute pas de manquer d’audace. Certes le Covid aura un impact sur notre chiffre d’affaires et sur notre trésorerie. (on est passé de 500 kg de champignons par semaine à 200kg et bientôt 0 si on ne peut collecter du marc de café, toutes les installations de composteur ont été suspendues) Mais les mentalités évoluent et UpCycle doit s’appuyer sur ses forces pour se développer.

À Noël, je suis allé chez un vigneron que je connais bien. Il n’a jamais couru derrière les hectares préférant se concentrer sur une bonne exploitation de ce qu’il avait déjà. Il m’a dit quelque chose qui m’a marqué : si le modèle de production de masse pour permettre à tout le monde de se nourrir se justifiait en sortant de la Seconde Guerre mondiale, celui-ci aurait dû se transformer une fois que la question de la subsistance n’était plus un problème. Au lieu de cela, on a accéléré.

Peu à peu, les citoyens sont devenus des consommateurs. Notre temps de cerveau disponible devait être réservé aux annonceurs plutôt qu’à nos proches ou à la culture.

Que peut-on reprocher à ceux qui ces dernières semaines ont choisi de stocker pour 15 ans de papier toilette au détriment des autres à part d’avoir tenu dans la société le rôle qu’on leur a assigné, celui de consommateur ?

Le modèle individualiste prôné par la société de consommation est incapable d’aborder une crise comme celle que nous traversons puisque c’est par le respect collectif des règles que nous nous en sortirons. De même, l’individualisme ne trouvera jamais la solution au réchauffement climatique.

Alors si UpCycle se doit d’accélérer, c’est peut-être parce qu’avec d’autres, nous détenons une partie de la solution pour le monde de demain.
Bien sûr, nous ne sommes qu’une goutte d’eau pour éteindre un incendie, mais à l’instar du Colibri de la légende amérindienne, nous avons choisi de faire notre modeste part. Nous ne sommes pas les seuls : nos clients, les salariés de nos clients, les administrés des collectivités avec lesquels nous travaillons… nombreux sont ceux qui s’engagent dans ce chemin.

Non, c’est décidé, on repassera pour la tortue !

Nous sommes fiers de confirmer Margaux en CDI en cette troisième semaine de confinement pour répondre à la demande croissante de nos clients.

Nous sommes fiers d’investir notre temps dans des solutions de traitement local des déchets organiques pour accélérer leur retour à la terre et la revalorisation de nos sols, indispensable à une agriculture de qualité.

Nous sommes impatients de voir fleurir partout nos composteurs comme des oasis de biodiversité, d’engagement citoyen et de reconnexion à la nature.

Les heures que nous traversons sont dures et sombres.

Tous, d’une manière ou d’une autre, nous devrons payer notre tribut.

Mais il nous revient de faire de cette crise un lieu de croissance et non de rétrécissement de nos aspirations les plus profondes.

Nous le devons à ceux qui luttent en première ligne pour nous sortir le plus rapidement possible de cette situation.

Arnaud vous recommande

« Un grand classique »

« Si vous ne connaissez pas la légende »
La légende des colibris

« Ma femme vous le recommande »

Page #3 – J+14

Aujourd’hui c’est Margaux qui vous écrit

Consultante chez UpCycle, elle aide les entreprises et les collectivités à procéder à leur audit “anti-gaspillage alimentaire”. Elle participe également au développement de l’activité conseil en création de fermes urbaines. Son travail c’est la sobriété alimentaire, alors comment analyse-t-elle ces “peurs de manquer” qui ont vidé les rayons de nos supermarchés ?

Covid-19 : Moteur de la transition alimentaire ?

Les moyens de s’approvisionner en aliments en question

Lors de son allocution du 12 mars dernier, Emmanuel Macron a remis en cause notre système de développement actuel : « […] Mes chers compatriotes, il nous faudra demain tirer les leçons, interroger le modèle de développement qui révèle les faiblesses […] ». La crise sanitaire auquel nous faisons face expose la vulnérabilité du système alimentaire actuel et pose la question de notre souveraineté alimentaire.
Partout dans le monde la propagation du virus et la fermeture des frontières ont entraîné une crainte de pénurie et de flambée des prix alimentaires. En réaction, on a pu assister à une ruée dans les supermarchés où les produits de première nécessité ont été dévalisés. Nos craintes, malgré les multiples rappels des gouvernements et industriels sur la garantie des approvisionnements, sont certes critiquables, mais compréhensibles. En France, en 2019, la moitié des fruits et légumes consommés étaient importés rendant les approvisionnements alimentaires fortement dépendants des flux logistiques. L’épidémie soulève donc également des questions sur les moyens d’approvisionnements.

Une réflexion nécessaire pour les années à venir

Je n’ai personnellement pas ressenti de peur de manquer ces dernières semaines mais plutôt une crainte pour les années à venir. Les évènements comme celui-ci sont amenés à se multiplier, du fait notamment du dérèglement climatique, c’est pourquoi il est primordial dès la fin de la crise de réfléchir au renforcement de la sécurité de nos approvisionnements alimentaires.
La réponse n’est pas d’avoir une autonomie alimentaire au niveau national, mais de territorialiser l’alimentation en produisant le plus localement possible et en renforçant la résilience alimentaire aux chocs. Sur les 100 premières aires urbaines en France en 2017, seules 8 dépassaient le seuil de 5% d’autonomie alimentaire. Pourtant il y a de ça 1 siècle, l’approvisionnement alimentaire des villes était assuré par les ceintures maraîchères autour des aires urbaines. Ces ceintures maraîchères, mais également l’agriculture urbaine, permettent de fournir un grand nombre de fruits et légumes, mais aussi des produits issus de certains types d’élevage (de volailles par exemple). Elles améliorent notre autonomie alimentaire, mais créent aussi des emplois en encourageant les agriculteurs locaux. Pour les grandes cultures et l’élevage, le raisonnement est différent et devra être construit à une échelle régionale ou nationale, mais en évitant l’hyperspécialisation des bassins de productions et en favorisant au maximum les circuits courts.

Produire localement pour gagner notre indépendance alimentaire

Heureusement, en milieu urbain comme rural, nous disposons de toutes les ressources nécessaires pour produire des fruits et légumes de qualités. Nos déchets alimentaires, qui représentent un tiers de nos poubelles, sont pour cela une ressource précieuse. Ils peuvent être valorisés en compost localement et ainsi nourrir nos sols. Produire localement permettrait de gagner en indépendance, mais aussi de réduire l’impact sur l’environnement en limitant les émissions de CO2 liées aux transports de nos denrées alimentaires et de nos déchets.

Favoriser la production locale, c’est également favoriser la création de lien social et reconnecter les gens aux vivants. Dans un monde de plus en plus individualisé, cela permet aux habitants d’un même quartier, d’une même ville de se retrouver et d’échanger autour d’un projet qui fait sens. En ce moment, on ne rêve que de ça ! Et demain ?

Margaux vous recommande

« La moitié des fruits et légumes sont importés »
La minute conso-France Bleu

« L’autonomie alimentaire des villes n’est pas une utopie »
Publié par Utopies justement

« La dépendance alimentaire est un enjeu stratégique »
A lire dans « L’Usine Nouvelle »

Page #2 – J+9

Aujourd’hui c’est Jérémie qui vous écrit

Responsable commercial chez UpCycle, il développe les actions “Marc contre Pleurotes” chez nos partenaires Grands Comptes, qui renouvellent ces contrats à 98% ! Jérémie est un atout de choc. Il adore son travail. Cela le rendrait-il plus efficace ?

Reconnaître que mon travail me rend heureux

Je suis confiné depuis 9 jours, au vert et au bleu, en Seine Maritime. Il est temps de passer progressivement à autre chose, de digérer tout cela et de prendre le rythme de cette nouvelle vie, même si ce n’est là qu’une transition. Apprendre à décrocher et à quitter ce rythme effréné, le sevrage a déjà commencé et se fera en douceur pour ma part je pense. Apprendre à goûter au temps qui passe, à prendre son temps, à s’occuper de soi et de sa famille. Apprendre aussi à reconnaître ce qui nous rend heureux. En l’occurrence moi j’aime mon travail, j’aime l’entreprise pour qui je travaille, et je mesure la chance que j’ai.

Chez UpCycle je suis responsable commercial.

Le métier de commercial est souvent dénigré, à tort. La vision réductrice de « vendre à tout prix » lui colle bien à la peau. Mais il peut être aussi beaucoup plus que ça. Recouvrir une toute autre réalité. Envisager le métier de commercial comme un moyen et pas une fin en soi. J’aime ce métier car il permet de mettre concrètement ses idées en actions, de les faire exister et de les diffuser. On a besoin des autres, et peut être que les autres ont besoin de nous à certains moments ? Alors c’est une relation de confiance qui s’installe, d’écoute et de construction positive. C’est ce qui m’a poussé à devenir commercial dans l’univers de l’Économie Sociale et Solidaire.

Une chance et un luxe

Exit le job alimentaire pour n’attendre que son salaire en fin de mois. Exit faire la promo des marques et des produits à l’opposé de mes convictions personnelles et professionnelles. J’entame ma 4ème année chez UpCycle. Pouvoir travailler dans cette entreprise est une chance et un luxe. Oui, un luxe. Car je suis profondément convaincu par ce je vends à travers UpCycle : produire des aliments de qualité à partir de biodéchets, dans une démarche d’insertion professionnelle, tout en régénérant les sols. Tout cela dans une logique de frugalité et de résilience… Tout est dit ! Et puis j’aime cette entreprise innovante, dynamique et un brin folle : il fallait oser quand même se lancer dans l’aventure ! Ce qui est génial c’est qu’il n’y a pas de limites ! C’est d’ailleurs comme cela que nous avons lancé avec Arnaud le « Marc Contre Pleurotes » il y a maintenant 3 ans.

Merci aux clients et merci à l’équipe UpCycle

Et puis il y a nos clients. Je leur adresse un grand merci. Pour leur engagement à nos côtés. C’est un réel plaisir que de travailler avec eux. Et pour finir, la dimension humaine revêt pour moi une importance toute particulière. Travailler au sein d’une équipe qui porte et défend la même vision, de manière bienveillante les uns envers les autres : ça n’a pas de prix.

J’en profite d’ailleurs au passage pour faire une spéciale dédicace à Grégoire, mon fidèle compagnon de route professionnelle auprès duquel je forge mes armes depuis maintenant plus de 10 ans.

Jérémie vous recommande

« Le bonheur au travail est un sujet d’étude! » Un résumé des études en cours sur le bonheur au travail

« En ce moment j’écoute ça. Ça va piquer certaines oreilles mais j’adore ces 2 français ! » Kas:st – What I Like About You Is What I Imagine [REM003]

« Ce livre m’a marqué » La révolution d’un seul brin de paille

Page #1 – J+7

Aujourd’hui c’est Grégoire qui vous écrit.

Co-fondateur de UpCycle, c’est un entrepreneur résolument décidé à construire à son échelle un nouveau modèle économique de rentabilité, fondé sur l’écologie, le local, le social. C’est aussi un navigateur talentueux qui a déjà traversé l’Atlantique et une partie du Pacifique. Comment va-t-il mener son entreprise à bon port à travers cette crise ?

Explorer l’inconnu

Un autre confinement, mais inattendu.

Fin août dernier, je refermais mon journal de bord suite à 2 mois de navigation en famille dans le Pacifique. Vous pouvez en voir quelques extraits ici. Quelques mois plus tard, je réitère contre tout attente le même procédé : écrire notre quotidien d’entrepreneur, profiter de ce moment pour prendre la parole sur des sujets clés, partager en équipe (Famille, Entreprise) des réflexions pour préparer la suite. La traversée que nous nous apprêtons à faire en famille est certes assez différente – pas de bateau, de nav de nuit, de cuisine dans la tempête, pas de matin brumeux où l’on découvre une nouvelle île à l’horizon-, mais quand même, quelle aventure !

Inquiet mais aussi curieux

Je dois tenir cela de ma mère, ce goût pour explorer l’inconnu et aimer regarder ce que cela produit dans mon cerveau. Biberonné à la question du sens, de mon impact sur le monde, je suis certes profondément inquiet, mais aussi je dois l’avouer curieux de ce que cette situation inédite va provoquer dans nos vies. Je dois être un peu masochiste, j’ai longtemps fumé de manière intermittente par goût de ressentir les effets étranges du manque quand on arrête, mais je m’égare. Effet papillon de type nucléaire Nous voici donc dans une situation catastrophique avec ce virus. A vrai dire n’y étions nous pas déjà ? Des marchés financiers totalement déconnectés du réel, une immense difficulté à aborder le changement social, climatique, un manque de solidarité et de sérieux dans un certain monde économique, politique, social ; nous sommes un peu à coté de la plaque. Ça n’a rien de nouveau, mais maintenant ça pète de partout. On pensait que la rupture viendrait de Trump ou de la Corée du Nord, et bien non, c’est le pangolin, défi statistique improbable, effet papillon nucléaire, un rêve de bookmaker.

Enfant de bonne famille versaillaise, diplômé d’une grande école, pas grand-chose ne me préparait à penser un jour, que le capitalisme dévorerait tout comme un monstre stupide. Et pourtant dès nos études en 2000, ça paraissait assez clair, j’avais d’ailleurs fait mon mémoire sur l’investissement socialement responsable, à moitié convaincu par la réalité du projet.

Sensibilisé à l’importance de préserver la diversité culturelle, sociale, économique, par 1 an de voyage en bateau et 8 ans d’expérience professionnelle dans le commerce équitable, je suis atterré de constater que l’Occident, si prompt à se trouver « civilisé », « évolué » rencontre les plus grandes difficultés réguler le capitalisme. Il y a là un manque de maturité collective très forte, sans doute liée à la promotion de l’individualisme, du succès personnel, inhérent à nos organisations.

Un bras de fer

Le bras de fer est définitivement engagé. Je mettrais d’un coté les acteurs qui sont capable de promouvoir l’intérêt général, et de l’autre les acteurs qui promeuvent les intérêts particuliers, partant du principe que le marché, la fameuse main invisible, équilibrera tout cela. Vieux débat, au cœur de la politique, qui a fréquemment conduit a du grand n’importe quoi. Que n’a-t-on pas fait comme horreur au nom de l’intérêt général ? A contrario on a 1000 fois constaté que la somme des intérêts particuliers n’aboutit qu’à une forme de gouvernement par des oligopoles, avec un grand gâchis social et environnement dans sa méthode. J’ai toujours été convaincu que le défi de la transformation d’une entreprise ou d’une société tient dans la qualité de sa gouvernance. Être au service de l’intérêt général requiert écoute et empathie mais aussi sang froid et capacité à assumer des décisions. La transition est avant tout une transition de nos modes de penser l’action ensemble, de faire preuve d’indulgence et de courage ensemble, de faire preuve de solidarité et de combattivité ensemble. Ce huis clos nous incite à prendre le temps de la réflexion.

170 millions d’hectares de forêt abatus d’ici 2030

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« Pangolin + déforestation = Covid-19 » Opinion, Les Echos, « Le pangolin n’y est pour rien »

« À écouter pour mieux vivre le confinement » France Inter, « Grand bien vous fasse », Les pros du confinement, 21 Mars 2020

Notre Big Book

LIVRE BLANC | Mettre en place le tri et la valorisation des biodéchets

Le "big book" très complet pour tout comprendre et trouver une solution adaptée à vos besoins. Vous y trouverez des conseils pour mettre en place une gestion des biodéchets sans difficulté et à coûts optimisés, avec des études de cas selon votre typologie, petit ou grand restaurant, collectivité etc.

L’objectif de ce livre blanc est de donner des repères aux professionnels confrontés à ces enjeux.  Chez UpCycle, nous travaillons depuis 2011 sur le rétablissement du cycle de la matière organique, de la fourche à la fourchette… à la fourche .Cela nous a donné l’occasion de collaborer avec des personnes passionnantes à qui nous avons donné ici la parole. Depuis 2016, nous installons des systèmes de compostage sur site, c'est d'après nos analyses la solution optimale pour nombre de nos clients (cf. études de cas). Nous partageons ici ces analyses, et espérons vous donner l’envie de franchir le pas !

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