Par Maëlle Joulin. Article mis à jour le 17 septembre 2021
« Obtenir du compost de qualité grâce aux biodéchets c’est super mais j’en fais quoi ? »
Cette question vous êtes nombreux à nous la poser. Et c’est normal.
La réponse: il y a une multitude d’exutoires possibles pour ce compost !
Mais il n’y a pas de réponse standard, car c’est fonction de votre environnement, de votre volume de production de compost, de votre ambition RSE à l’égard des habitants ou des collaborateurs.
Néanmoins, nous comprenons votre envie d’exemples concrets. C’est pour cela que dans cet article nous vous emmenons à la découverte de VENI VERDI, une association de jardinage collectif dont la spécialité est de s’implanter dans les établissements scolaires réputés difficiles de Paris.
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« Les enfants d’aujourd’hui sont les citoyens de demain »
Veni Verdi a été crée par Nadine Lahoud en 2010. Association à but non lucratif elle a pour objectif de créer des jardins en milieu urbain pour agir sur notre environnement, notre société et économie.
L’association a créé des potagers dans 5 collèges de Paris, une école élémentaire et également sur le toit de bâtiments tels que des sièges sociaux d’entreprise. Elle vient d’être reconnue d’utilité publique.
Veni Verdi part du postulat que les enfants sont les citoyens de demain et qu’il est primordial de les sensibiliser dès le plus jeune âge à la nature et à la biodiversité, ainsi qu’aux enjeux de notre alimentation et de la production agricole. Dans les collèges où elle intervient les équipes pédagogiques sont très impliquées dans le projet, ainsi que les élèves. En plus des moments de cours dédiés lors desquels les professeurs les éveillent aux vertus de l’écologie et de l’économie circulaire, les élèves ont accès au toit pour venir jardiner comme bon leur semble.
Nadine Lahoud est fondatrice et déléguée générale de Veni Verdi.
Corentin Panczer coordonne l’un des sites de l’association : le collège Flora Tristan, établissement scolaire situé dans un quartier prioritaire du XXe arrondissement de Paris.
Nous les avons retrouvés au collège Flora Tristan, dans un secteur prioritaire du XXe arrondissement de Paris. Cet établissement scolaire a été métamorphosé en 2017 : son toit d’une surface de 2100 m2 a été rénové et transformé en lieu d’agriculture urbaine. On y cultive des légumes et plantes diversifiées, des fleurs de saisons, quelques fruitiers, via différentes techniques de cultures comme l’aquaponie.
En quoi est-ce important pour vous d’obtenir du compost local de qualité ?
Nadine Lahoud (NL) : Du compost de qualité tout simplement parce qu’on veut cultiver des légumes, donc on a besoin d’une bonne qualité. Local, parce que toutes ces ressources-là doivent passer par des circuits locaux, il n’y a aucune raison de les faire venir de très loin quand il y a la possibilité de les produire sur place.
Corentin Panczer (CP) : Mais c’est compliqué parce que l’on est obligé de passer par des fournisseurs. Le compost de déchets verts est quand même assez cher alors que c’est notre ressource première, c’est notre plus gros volume sur l’année en termes d’achat. Il n’y a pas de coin où l’on pourrait récupérer du compost fait à proximité, de qualité et très peu cher. Ça n’existe pas sur Paris. On aimerait bien pouvoir trouver du compost pas cher. On en produit nous-même, mais on a une petite capacité de production.
Ce qu’on fait du coup, c’est qu’on récupère d’assez gros volumes de déchets verts d’une épicerie du coin qui a installée un bac pour récupérer les déchets des clients. Mais on n’a pas assez de volumes d’accueil dans nos composteurs pour gérer toute cette matière. Pour l’instant, je reprends 150 L par semaine, ce qui est très peu par rapport à ce que l’épicerie reçoit et il faut attendre plusieurs semaines/mois pour que le compost arrive à maturité.
Heureusement, la régie de quartier Saint Blaise-Charonne et UpCycle viennent de mettre en place le compostage des déchets alimentaires d’immeubles voisins du quartier. Et nous allons récupérer une partie du compost obtenu. C’est pour nous une excellente source de compost de très bonne qualité (il est normé NFU 44-051, adapté pour l’agriculture biologique) et hyper local. Les habitants de ces immeubles ont sûrement des enfants scolarisés ici, la boucle de leurs déchets alimentaires est donc valorisée au profit de leurs enfants. C’est super.
Exemple de compostage de quartier : Saint-Blaise Charonne à Paris 20ème >>
Pourquoi le jardinage partagé apporte-t-il bien plus que des légumes ?
NL : Il y a bien une seule chose dont on est certain, c’est que dès que l’on manipule de la terre, on a observé que les gens sont moins stressés. Il y a aussi une meilleure communication, cela favorise des liens et aide à trouver une place dans la société.
On met à disposition des enfants un outil professionnel. L’idée, c’est de semer une petite graine, parce que cet enfant sera un adulte demain. En étant lui-même acteur, en manipulant et cultivant la terre, il comprend mieux les enjeux.
CP : Ils comprennent les choses et arrivent à les faire seuls donc en matière d’autonomie et de responsabilité ça s’améliore d’année en année.
Avez-vous pu observer un changement de comportement chez les enfants ?
NL : C’est très difficile de répondre à ce genre de questions. On sait qu’on les a impactés, car deux ou trois se sont engagés dans leurs études sur ce sujet-là. Ou d’autres ont fait un choix d’étude parce qu’ils veulent agir pour la planète, par exemple un enfant qui veut être architecte.
On sait qu’il y a des impacts sociaux sur les établissements, mais on n’a pas encore assez de recul pour les mesurer.
CP : J’organise un atelier pour la classe relais, dédié aux élèves décrocheurs de Flora Tristan, d’autres collèges du XXe arrondissement, ou même de plus loin parfois. Une heure, une fois par semaine, ils viennent sur le toit suivre des cours de bricolage et jardinage. Ça dure 10 semaines et après, ils retournent dans leur établissement. En général, ça marche plutôt bien. Au début, ils traînent des pieds, la nature ça ne leur parle pas trop. Mais à partir d’un moment, ils arrivent à se débloquer, ils s’intéressent un peu plus à ce que l’on fait. C’est satisfaisant quand même !
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Et si ce changement était immédiatement perceptible au sein de votre collège ou lycée ?Grâce... aux déchets alimentaires de vos restaurants scolaires !
Et oui le tri et la valorisation de ces biodéchets sont non seulement obligatoires, mais sont surtout le point de départ d'une série de gestes concrets et faciles à mettre en place avec un bénéfice écologique immédiat.