Par Maëlle Joulin. Article mis à jour le 13 décembre 2022
Les collectivités sont de plus en plus nombreuses à mettre en oeuvre le tri et la collecte en bornes d’apport des déchets alimentaires par les habitants de leurs territoires. L’échéance réglementaire de 2024 impose une généralisation dans l’année qui vient. Mais l’enjeu majeur pour les acteurs tels communautés d’agglomération, syndicats de traitement, c’est d’accompagner les habitants dans ce geste de tri, afin de collecter 50% au moins des déchets alimentaires, et avec une qualité de tri optimale.
Alors quels sont les freins à lever, et comment les lever ?
À l’aide des études récentes publiées par les instituts de recherche en sciences comportementales, et de notre expérience terrain, nous vous livrons ci-dessous les principaux facteurs de freins, et les solutions pour y répondre.
Des consignes de tri des déchets alimentaires encore trop peu connues !
Poubelle jaune pour les emballages et papiers, poubelle verte pour les verres et la poubelle classique pour tout ce qui reste après le tri. La répartition de nos déchets dans ces trois poubelles est entrée progressivement dans notre quotidien. Les collectivités et syndicats multiplient les supports de communication à ce sujet et les enfants l’apprennent dès l’école. Le geste de tri devient, au fil des années, un réflexe que tout citoyen adopte.
Mais qu’en est-il des déchets alimentaires ? Il est moins fréquent de croiser des zones de dépôt de nos biodéchets, et les supports explicatifs à propos du tri de ces déchets sont encore peu visibles dans l’espace public. Le tri des déchets organiques n’est pas encore entré dans le quotidien de bon nombre d’habitants. Et pour cause, les non-trieurs sont souvent les plus mal informés des modalités de tri existantes.
Comment bien informer les habitants sur le tri des déchets alimentaires ?
Guides du tri, explication des solutions de collecte mises en place dans une commune, localisation des bornes de collecte, les supports et contenus doivent être pédagogiques, simples, clairs. Il est aussi important d’opter pour des supports et des canaux (journaux, site web, réseaux sociaux) de communication personnalisés, adaptés à chaque commune pour créer une dynamique locale. Décliner des communications spécifiques aux enfants permet aussi de mobiliser la totalité d’un foyer.
Les non-trieurs sont ainsi formés au tri et les barrières psychologiques liées au manque de connaissance sont levées. Les trieurs peuvent quant à eux perfectionner leurs gestes de tri !
Les sciences comportementales ont par ailleurs prouvé que nos actions sont influencées par ce que nous pensons que les autres font. En clair, savoir que nos voisins trient puis déposent leurs biodéchets dans une borne de collecte nous permet de comprendre les systèmes de collecte mis en place dans une commune et accentue la probabilité de trier chez soi. On comprend alors l’importance de communiquer sur la quantité de déchets alimentaires collectés sur un territoire, le nombre d’habitants inscrits dans un quartier. Difficile de connaître ces chiffres ? En ayant recours à des bornes de collecte connectées à une plateforme web dédiée, il est maintenant possible d’obtenir toutes ces données et bien plus encore !
La quête de sens du geste de tri des biodéchets
Une fois les méthodes de tri et de collecte connues par les habitants au sein de leur ville. Comment les convaincre de trier puis de déposer en point d’apport volontaire leurs déchets alimentaires de manière régulière ?
Chaque habitant veut avoir la certitude que son action peut avoir un bienfait pour son territoire d’un point de vue social, économique et environnemental. Les habitants peuvent fréquemment estimer que leur quantité de biodéchets produite est insuffisante pour avoir un réel impact. Pourtant, c’est bien l’engagement de chaque ménage qui permet in fine d’obtenir de grandes quantité de déchets revalorisés et non incinérés ou enfouis. Cet imaginaire est directement lié à la perte de confiance dans l’utilité du geste de tri. Mais des modes de valorisation locale de nos épluchures et restes alimentaires existent et prouvent l’utilité de l’engagement de chacun.
Comment booster la croyance en l’efficacité du tri des déchets ?
Pour y remédier, il est essentiel de mettre en avant les enjeux phares du traitement séparé des biodéchets. Faire connaître les résultats concrets d’actions communes joue sur la motivation des habitants à initier une habitude de tri ou à la garder. En ayant recours à des bornes connectées, les collectivités peuvent récupérer en quelques clics toutes les données relatives à l’usage des points d’apport volontaire sur leur territoire (quantité d’émissions de CO2e évitées ou volume de biodéchets revalorisés). Communiquer ces résultats aux habitants devient alors très facile.
Mais comment donner un sens très concret à leur geste de tri, comment gagner la confiance des habitants dans la capacité à mettre en œuvre des solutions de revalorisation efficaces ? En valorisant leurs déchets alimentaires au sein même du territoire ! Installation d’une micro plateforme de compostage, redistribution du compost, usage du compost dans les différents espaces verts des communes, les solutions sont multiples. En proposant des modes de valorisation de proximité, visibles par les habitants, le geste de tri prend tout son sens.
Trop de contraintes de temps, d’espace et de nuisances sonores : l’importance de lever ces croyances !
Même si la notion de compostage des déchets organiques se popularise, il peut sembler difficile d’envisager de composter soi-même lorsqu’on habite en ville : manque de place pour ajouter une poubelle de tri, manque de mobilisation dans les familles, peur des odeurs et des mouches pour des ordures qui « sentent ».
Comment contrer les idées reçues sur le tri des déchets alimentaires en ville ?
L’un des premiers frein relevé par cette récente étude britannique ( 2022) est le manque de place dans les cuisines, et la faible motivation à acheter le matériel de tri nécessaire. L’étude insiste donc sur l’idée que les collectivités doivent prendre en charge la distribution du matériel de tri, si elles veulent convaincre les habitants de participer. Et cette notion de gratuité doit être mise en évidence sur les supports de communication.
Autre élément à ne surtout pas négliger :
le matériel de tri en lui-même ! En effet un habitant chez qui le tri des déchets alimentaires aura dégagé des odeurs pestilentielles, des jus, des mouches cessera de trier. Et il sera très difficile de le convaincre de le refaire. L’idéal est donc de distribuer un matériel de tri qui prenne peu de place, et évite tant que possible la formation de jus et l’arrivée de mouches. Les experts préconisent l’utilisation de bioseaux « ajourés » : ils ont des trous, ce qui permet à l’air de sécher les déchets alimentaires, d’éviter la formation de jus, et l’arrivée des mouches.
Puisque ces bioseaux ont des « trous » il faut donc prévoir un sac pour y déposer les déchets alimentaires. Chez Upcycle nous préconisons l’utilisation de sacs krafts : ils ne coûtent pas plus chers que les sacs plastiques, et surtout ils sont valorisables par compostage ce qui évite de produire des tonnes de déchets supplémentaires.
Enfin ils sont compatibles avec les dernières recommandations de l’ANSES qui préconise de « proscrire les matières plastiques (…) dits « biodégradables » ou « compostables » des composts domestiques car la dégradation totale de tels matériaux n’est pas garantie dans ces composteurs. L’emploi des composts peut alors présenter un risque pour l’être humain comme pour l’environnement. »
Dernier avantage non négligeable du sac kraft : il est un excellent outil de communication pour les collectivités qui ont là un moyen très efficace de faire preuve de leur action et de le faire savoir à leurs habitants.
Informer sur la simplicité et l’accessibilité des moyens de tri et de dépôt des déchets alimentaires
Pour lever les freins au tri et au dépôt en point d’apport volontaire, les habitants doivent comprendre la simplicité et l’accessibilité du système.
Les collectivités doivent donc accompagner la mise en œuvre de bornes avec une campagne de sensibilisation et de mobilisation en amont de l’arrivée des bornes, puis régulièrement informer les habitants sur les volumes collectés etc.
Par exemple des marquages au sol, écologique et éphémères, sous forme de nudge, peuvent informer les habitants de l’arrivée prochaine d’une borne.
Un lien vers un site internet leur permet ensuite de connaître tous les détails pratiques tels que dates, mode d’emploi, récupération du matériel de tri,
Les bornes en elles-mêmes sont les meilleurs outils de communication à l’égard des habitants.
Chez Upcycle nous préconisons d’y afficher 3 messages-clés :
-les consignes de tri
-le mode d’emploi de la borne
-expliquer ce que vont devenir ces déchets alimentaires.
En étant bien accompagné, le tri de ses déchets alimentaires devient un jeu d’enfant !
Envie de sensibiliser et mobiliser vos habitants au tri et au dépôt en borne des des déchets alimentaires ?
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Pour aller plus loin 📖
- “Représentations sociales du tri sélectif et des déchets en fonction des pratiques de tri” de Mickaël Dupré
- « Adoption of organic waste sorting behavior at home: who recycles and which barriers exist for non-recyclers? A representative survey » de L.S Moussaoui, T Bobst, M Felder, G Riedo, N Pekari
- « De l’engagement comportemental à la participation : élaboration de stratégies de communication sur le tri et la prévention des déchets ménagers » de Mickaël Dupré
- « Exploring the factors influencing organic wasting sorting in Denmark » de M.L Amend, R Bagge, A.L Fonseca, J Ward
Mise en oeuvre et mobilisation des habitants
Mettre en place des solutions de tri, de collecte et de revalorisation simples, sobres et engageantes !